Les mots manquent. Le cœur est vide. Les larmes sèchent sur la joue. Un point. Un seul. Un rêve qui se brise. Tout ça pour ça. Des émotions qui s'entremêlent, rappelant les chocs d'un match titanesque.
Dans les bars, sur le canapé, en famille, entre amis, seul, en voiture, à la radio, au travail... Ce dimanche, c'est tout un peuple, frappé du coq, qui s'est tu. On aurait pu parler du retour de Dupont. On aurait pu parler de l'en-avant d'Eben Etzebeth à cinq mètres de sa ligne. On aurait pu parler des décisions arbitrales. On aurait pu parler de cette transformation contrée de Ramos. On aurait pu se refaire mille fois le match. On aurait pu. Comme nos Bleus, on aurait pu.
La détresse de tout un peuple... Crédit image : TF1
On s'était promis de ne pas rêver de suite. Mais à quoi bon ? Cette équipe offre un rugby total depuis quatre ans. Elle qui a créé un groupe de vainqueurs. Une phrase relevant de l'utopie, il y a quatre ans, tout droit tirée d'un roman de Thomas More. L'enthousiasme était là. "L'année ou jamais". La “nôtre" de Coupe du Monde. Tous les scénarios étaient envisageables, mais un seul était envisagé : le mot France sur le trophée Webb Ellis le 28 octobre prochain.
Rien ne laissait présager un faux pas. Pas même la blessure du capitaine Antoine Dupont. Pas non plus même l'adversaire en quart de finale, champion du monde en titre. Derrière ses lunettes en plexiglas, Fabien Galthié ne laissait aucun doute transparaître. Comme un druide connaissant par cœur la recette. Fidèle à sa stratégie. Or, forcé de constater que le tableau noir n'est pas science infuse. Avec Rassie Erasmus en face, les grands esprits se rencontrent. Quand l'un joue la carte de la valeur sûre, l'autre innove. À l'annonce des compositions, la surprise était de taille : un banc en 5-3 côté sud-africain, Reinach préféré à De Klerk en 9. Un coup de poker gagnant. Rien à dire. Bravo Rassie.
La pression semblait immense et ce groupe Sudaf' sait y faire : une rush défense construite à la lettre, des offensives redoutables avec des miettes, une économie précieuse là où le coq y a laissé des plumes en voulant trop jouer, mourant à un point, un tout petit point.
C'est donc fini. On se raccroche à ce qu'on peut en se disant que ce groupe est jeune, qu'il a l'avenir devant lui, a progressé à une vitesse folle depuis quatre ans. Que le rugby français a retrouvé ce plaisir, ce french flair. Qu'il a fait naître des belles histoires comme Louis Bielle-Biarrey... Qu'importe, le coup de sifflet a retenti. La magie s'éteint. Le retour des temps gris, froids, tristes accompagnant l'automne. Comme un signe des cieux qu'on devait sentir. Comme la fin de quelque chose. Un point, c'est rien. Un point, c'est tout.
Tylian Auriol
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