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Photo du rédacteurL'Ovalie Média

Édito : Le kangourou ne boxe plus

Dernière mise à jour : 25 oct. 2023

Qu'elle paraît lointaine l'époque où Gregan traversait le terrain ou plus récemment les inspirations majestueuses de Matt Giteau qui faisaient se lever un stade. On en oublierait presque que l'Australie était une grande nation...

Les larmes de Will Skelton, après la défaite historique ce dimanche soir à Lyon face au Gallois (40-6), témoignent du deuil du rugby australien et de ses anciennes gloires. 69ᵉ minute, le spectateur wallaby quitte le stade, en silence, avant la fin du match, l'air indifférent. Il ne siffle plus, il ne s'énerve plus. Il ne souhaite plus faire honneur. Le spectateur se lasse. Il rentre même sans avoir bu une bière à la buvette, qu'il trouverait sûrement trop amère, sans goût, à l'image du rugby proposé par son équipe. Le spectateur traduit cette terrible côte d'impopularité d'un rugby australien en crise. À l'image de cette défaillance, Ben Donaldson, positionné en 10 dimanche soir, passe complètement à côté de son match, pas aidé par un pack en souffrance. Il était pourtant l'une des rares satisfactions australiennes depuis le début de la Coupe du Monde. Remplacé à l'ouverture par Gordon qui n'a pas fait mieux avec notamment une pénaltouche manquée (74ᵉ).


La sélection australienne est l'une des plus grandes de l'histoire du rugby avec deux titres mondiaux (1991 et 1999). Crédit photo : AFP.


Les jeunes joueurs, amenés par Eddie Jones, arrivent en France, pas vraiment sûrs de leurs forces. Cinq défaites sur les cinq derniers matchs avant le début de la phase de poule. Un jeu sans idées, sans prise de risque où il manque clairement de confiance, d'automatismes. Une défense trop facilement lue, a permis à Davies de marquer le premier essai du match sur un lancement d'école. Avec une moyenne d'âge de 25 ans et 10 mois, les Wallabies n'avançaient pas avec beaucoup de vécu à très haut niveau. Déjà dominés dans les rucks face aux Fidjiens, face aux Gallois, ce fut pire. La conquête n'était qu'échecs et incompréhensions à l'image d'un lancer qui finit dans les bras du capitaine gallois Jac Morgan qui s'est dégagé d'un formidable 50-22. Également indiscipliné (12 pénalités concédées), les Australiens ont offert la victoire sur un plateau à des Gallois précis dans les zones de marques.





Des cadres laissés au pays comme Mickael Hooper ou Quade Cooper, des leaders blessés d'entrée en début de compétition comme Tupu ou le géant capitaine Skelton. Une charnière sans expérience ou presque, Gordon n'ayant jamais participé à un match de phase finale de sa carrière. Des choix discutables balayés d'un revers de main par le sélectionneur dans son habituel show en conférence de presse, rimant comme une vieille blague d'enfant, la première fois, c'est peut-être marrant, mais après ça en devient pittoresque, à la limite de la gêne. Il avait pourtant lancé les hostilités en amont du Mondial : "Désormais ? On est une F1 !". Dans un ton très provocateur, le stratège australien restait tout de même très optimiste quant à la possibilité d'être sacré le 28 octobre prochain.


N'ayant gagné que la Géorgie depuis le début de son mandat (huit matchs joués), Eddie Jones ironisait déjà sur les critiques de la presse australienne après la défaite historique face aux Fidji (22-15) lors de leur deuxième match du mondial : "Qu'ils me balancent même des croissants ! ". Après cette nouvelle déroute historique, qui rapproche l'Australie d'une élimination inévitable ou presque, je crois bien qu'ils n'en sont pas loin, Eddie.


Cette noyade du rugby australien est aussi due au fait que les instances n'investissent plus et que le XV n'attire plus autant, au profit du XIII. Le championnat à XV s'est considérablement affaibli et les nouvelles stars de l'autre bout du monde s'exilent en Europe, à l'image de Noah Lolesio, numéro 10 prometteur, parti à Toulon cet été. Les Wallabies n'ont jamais réussi à remplacer les têtes d'affiche d'une équipe performante comme Pockok, Cooper ou Beale, finalistes du mondial 2015, il y a huit ans, une éternité. Un ensemble de causes qui se retranscrivent sur le terrain. Des signes tout de même inquiétants pour le pays hôte de la prochaine Coupe du Monde. Le kangourou est une bête blessée qu’il faut soigner, et vite !


Tylian Auriol


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