Si vous suivez attentivement le rugby, vous avez sans doute remarqué que certains joueurs habituellement recouverts d’un casque ne le portaient plus. C’est le cas de Thibaut Flament, Baptiste Jauneau ou encore Grégory Alldritt. Et ça, c’est la Ligue Nationale de Rugby qui l’a bien cherché. Depuis quelques mois, est entré en vigueur un sérieux contrôle de l’article 377 bis du règlement demandant que les accessoires autres que la tenue officielle soient de couleur neutre ou bien assortis à la couleur de l’équipement du club afin, entre autres, d’un meilleur rendu à la télévision. Mais après la campagne d’appel d’offres pour les divisions professionnelles du rugby français, l’enjeu économique de ce nouveau règlement aux apparences absurdes n’est sûrement pas négligeable.
Baptiste Jauneau et son casque lors de la réception du Stade Toulousain au Michelin. (Crédit photo : Emilien Terme / Ovaliemédia)
Une montée des sanctions
Jusqu’à présent, la Ligue se montrait assez clémente vis-à-vis des « écarts » sur la couleur des équipements, elle monte désormais au créneau sur un ton un peu plus vigoureux. L’US Montalbanaise une première fois le 10 avril puis le FC Grenoble une semaine plus tard se sont vu remonter les bretelles par la commission de discipline pour « non-conformité des équipements complémentaires ». Pour les Isérois, c’est le second avertissement de la saison et pourrait, à l’avenir, s’exposer à des amendes. Ces amendes, c’est aussi ce qui a dissuadé certains joueurs d’aller à l’encontre du règlement et qui, pour certains, ont carrément laissé le casque dans le casier du vestiaire : « Je ne mets plus de casque parce qu’il y a cette fameuse règle qui dicte la couleur que l’on doit mettre en fonction de la couleur dominante du maillot. La règle m’a fait passer le cap », indiquait Thibaut Flament en conférence de presse avant le déplacement à Toulon. Pour Louis Bielle-Biarrey et son fidèle casque rouge (qu’il peut toujours porter lorsque l’UBB joue avec son maillot domicile), c’est aussi le danger des sanctions qui l’a poussé à opter pour une couleur alternative : « Je trouverais dommage de ne plus pouvoir jouer avec, mais je ne veux pas prendre des amendes », confiait-il en juin dernier dans les colonnes du Midi Olympique.
Un règlement aux petits soins des diffuseurs
Si la Ligue a pris des mesures, c’est avant tout parce que la télévision y a mis son grain de sel. Mécontent d’un rendu « peu compréhensible » pour les téléspectateurs, Canal+ a fait remonter le problème d’harmonie des couleurs. Évidemment, lorsque la problématique des droits télé pointait le bout de son nez sur le bureau de la direction de la LNR, des positions plus affirmées ont été vite prises. Ce jeu de séduction arrive à point nommé. Dans le processus des enchères télévisuelles, pour les saisons 2027 jusqu’à 2031, le but est d’en tirer le meilleur prix, qui se définira forcément par la meilleure séduction. Canal+ reste le favori dans cette affaire. Diffuseur historique depuis le lancement de la LNR en 1998, la chaîne cryptée a grandement participé au développement du rugby français. Il est donc logique de vouloir continuer sur le même chemin. Cependant, la LNR demande 130 millions d’euros, soit environ quinze millions de plus que la dernière offre Canal+ pour 2023 (113,7 millions d’euros). De ce fait, la LNR coopère dans un but strictement monétaire.
Canal +, diffuseur exclusif du Top 14 est au cœur de ces nouvelles mesures.
(Crédit photo : L'Equipe)
Une affaire de casque haute en couleur qui n’a pas fini de faire parler. Néanmoins, ce point du règlement entraîne une dimension économique bien plus importante que la sphère esthétique et laisse parfois perplexe sur les autres problématiques tendancieuses du rugby français laissées de côté, notamment sur le suivi psychologique des joueurs.
Tylian Auriol
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