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Le grand format d’Irlande-France : « au-delà des croyances »

Photo du rédacteur: Tylian AuriolTylian Auriol

En Irlande, l’équipe de France a réalisé un match sublime, de bout en bout, passant du tragique au magique samedi après-midi (victoire 27-42). Les Bleus ont enfin leur destin en main à une journée de la fin de ce Six Nations. Retour sur un match déjà dans les livres d’histoire.


La France terrasse l'Irlande à Dublin ce samedi 8 mars. Crédit France Bleu
La France terrasse l'Irlande à Dublin ce samedi 8 mars. Crédit France Bleu

Bon dieu ce sport ! Le rugby offre parfois ce qu’il a de plus beau. Sur les terres hostiles de Lansdowne Road, en bord de la Dodder, le XV de France avait rancard avec son destin face à la meilleure nation européenne depuis au moins trois ans. Cette génération, à qui il manque bien des titres, dont on dit d’elle qu’elle passe trop souvent à côté dans les instants charnières, devait répondre par le terrain, par le combat, en lieu celte, pour garder espoir en la victoire finale. En amont du sommet européen de l’année, les débats furent nombreux. En étaient-ils capables ? Fabien Galthié est-il toujours l’homme de la situation ? Alors on pouvait tout imaginer, tout conspirer. Mais certainement pas ça.


Le mur bleu


On commence par où ? James Lowe, l’ailier vedette des Verts, déclare forfait à l’échauffement, sa cuisse droite grince. Premier signe d’une après-midi pas comme les autres. Pour autant, l’Irlande démarre tambours battants, acculant les hommes en bleus dans leur camp. Mais ces mêmes Gaulois ne craqueront jamais. Cible de critique depuis le début du tournoi, la défense française a plié, mais jamais rompu. Un homme l’illustre parfaitement : François Cros et ses 12 placages dans le premier quart d’heure. Lui dont on vantait toutes les qualités dans ces mêmes colonnes il y a quelques semaines. Les hommes du Trèfle, manquant d’huile dans les engrenages, s’en remettent au pied de leur numéro 10, orphelin lui aussi de toute inspiration offensive, Sam Prendergast. Les visiteurs, eux, inscrivent le premier essai de la rencontre par l’inévitable Louis Bielle-Biarrey. Après la seule incursion dans les 22 mètres adverses. Le score : 6-8 à la pause malgré une intensité folle.


Dupont et le cœur des siens


On n’imaginait pas ça non plus. Pas une seconde. Et pourtant. Trentième minute de jeu, capitaine Dupont se rompt les ligaments du genou sur un déblayage à la limite de la règle de Tadhg Beirne. Tragique, il n’y a pas pire scénario. Le XV de France laissé orphelin de son guide, du meilleur joueur du monde et est désormais mené par Maxime Lucu à la mêlée, qui avait connu jusqu’ici un parcours en sélection en demi-teinte. Tout le monde craint alors le pire et c’est là qu’on prend conscience d’à quel point le cœur des hommes regorge de vertus. Galvanisés par une motivation décuplée de gagner pour « Toto », le navire bleu et son « bomb squad » propulsant Osacr Jégou en centre, fracassent, concassent et passent la défense irlandaise quatre fois en seconde mi-temps, laissant l’Aviva Stadium sonné, abasourdi. Ça non plus, on ne l’imaginait pas : Damian Penaud rejoint Serge Blanco en tête des meilleurs marqueurs de l’histoire du coq au terme d’une course folle, enfonçant le calice jusqu’à la lie pour les locaux. À cinq minutes de la fin, le tableau d’affichage indique 42 à 13. À peine croyable.


Historique en tout point


À l’occasion de la 105ᵉ confrontation entre les deux nouveaux meilleurs ennemis du vieux continent, trois légendes vertes faisaient leurs adieux au public irlandais : Cian Healy, Pieter O’Mahonny et Conor Murray. Et certainement qu’eux non plus n’avaient pas imaginé cela pour leur dernière à domicile. De même que ce XV de France n’avait plus gagné par une marge de sept points ou plus en terres celtes depuis vingt-huit ans. Et lors du dénouement de ce tournoi qu’on espère heureux samedi prochain contre l’Écosse au Stade de France, les hommes de Fabien Galthié peuvent mettre fin à une disette de 18 années sans remporter le tournoi en se déplaçant à trois reprises.


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