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Photo du rédacteurL'Ovalie Média

L’heure du grand bilan

On l’attendait, elle est maintenant terminée. Samedi soir, à Saint-Denis, sous les feux d’artifices de la cérémonie de clôture, cette dixième édition de la Coupe du Monde de rugby a vu l’Afrique du Sud être sacrée pour la quatrième fois de son histoire. Avant de tirer un trait définitif sur ces deux mois de compétition, retour sur une compétition riche en émotions et en interrogations et place au bilan général, sportif et extra-sportif.

Côté terrain


C’est sans grande surprise si on vous exprime notre déception quant au niveau de jeu affiché durant ce mondial. À l’image de ces propos, la deuxième demi-finale entre l’Angleterre et l’Afrique du Sud. Une misère terrible, rugbystiquement, pour se lorgner une place en finale (tout de même !), aucune initiative offensive, un match fermé, verrouillé, comme on pouvait s’y attendre. Pour illustrer, voici quelques statistiques du match : à peine 31 minutes de temps de jeu effectif (et encore estimons-nous heureux), Jesse Kriel, deuxième centre des Boks, atteste d’une statistique alarmante pour une rencontre d’une telle ampleur, résumant parfaitement l’inactivité offensive : zéro ballon en 80 minutes. Tout simplement hallucinant.


La Coupe du Monde 2023 a tiré sa révérence samedi soir au Stade de France.

Crédit Image : France 2023


Durant le reste du mondial, le jeu se résumait à quelques envolées de temps à autre, mais rien de bien marquant. Des matchs sans suspense ou presque en phase de poule, liés au très faible niveau des petites équipes, résultant du manque d’investissement de World Rugby pour le développement de ce sport. Lors des phases finales, excepté les quarts de finale où le niveau de jeu était à la hauteur des espérances, en demi les jeux étaient faits et il est fort dommageable de voir un tel écart entre la Nouvelle-Zélande et les Pumas argentins par exemple. Cinquante pions en demi, c'est juste ridicule, et ça ne sert pas le rugby ni l’intérêt du grand public. Encore une fois, World Rugby et son lot de décisions absurdes comme faire le tirage au sort trois ans avant l’échéance, se retrouvant donc avec une grosse première partie de tableau puis de l’autre côté, un plus faible niveau. Arrivé en phase finale, il est donc logique de se retrouver avec ce genre de résultats.


Vu que tout n’est pas si noir, cette Coupe du Monde a été l’occasion de voir certaines petites équipes à l’œuvre comme le Chili et son jeu enthousiaste ou le Portugal, qui a réussi à accrocher les grosses équipes de sa poule et à même remporter la première victoire dans le Mondial de son histoire face aux Fidji. Le rectangle vert a aussi permis à certains de se mettre en évidence comme Louis Bielle-Biarrey ou Semi Kuruvoli, demi de mêlée fidjien, auteur d’une performance XXL contre les Australiens. D’autres ont confirmé les attentes placées en eux comme Damian McKenzie, l’arrière All Black ou encore Jac Morgan, jeune capitaine courage du Pays de Galles.


L'arbitrage


Trop souvent remis en question tout au long de la compétition, l’arbitrage n’évite évidemment pas le passage au crible. Presque, on se demande par où commencer. En poules, déjà, l’homme au sifflet fut vivement critiqué, à juste titre ou non. Pays de Galles - Fidji, entrée en lice dans la compétition pour les deux équipes, arbitré par Matthew Carley. Sur bon nombre de situations comme les hors-jeux, rucks ou mêlées, les îliens ont été arbitrés comme une « petite équipe ». Par exemple, sur les mêmes situations, les Gallois récupéraient en moyenne 1,5 pénalité de plus que leurs adversaires. De plus, les essais fidjiens, refusés par la vidéo, semblaient, pour beaucoup, valables. Un arbitrage peu cohérent entre les matchs où certaines fautes étaient sifflées le samedi, mais pas le dimanche, notamment sur les phases de contact avec la tête, posant questions sur les limites de la protection des joueurs.


Durant les phases finales, en quart particulièrement, un dénommé Ben O’Keefe a fait couler beaucoup d’encre. Inutile de rabâcher le scénario, tout le monde le connaît par cœur. Mais World Rugby s’est penché sur l’arbitrage du match et en dénote pas moins de cinq erreurs majeures. France Rugby a également déposé un dossier sur l’arbitrage à la suite de ce match et la tragique élimination française. Une énième polémique qui vient ternir la copie de ce Mondial. Ce même O’Keefe a arbitré trois fois les Springboks durant le mondial, dont en quart et en demi-finale. Sur sept matchs, cela semble assez litigieux et problématique quant à l’équité sportive. Car oui, l’arbitre influence un match, qu’on le veuille ou non. La finale aussi a eu droit à son lot de discussions autour de l’arbitrage. Rouge pour l’un, jaune pour l’autre sur la même situation, des rucks et mêlées toujours à la limite, Wayne Barnes n’a pas été exempté de tout reproche.


Pour terminer, la France, hôte de la Coupe du Monde, ne présentait qu’un seul arbitre français. Pour autant, on nous vante en longueur de saison le Top 14, ses nouvelles technologies et son attractivité. Or, somme toute logique, pour arbitrer le meilleur championnat du monde, il nécessite d’avoir les meilleurs arbitres du territoire. Expliquez maintenant pourquoi seul Matthieu Raynal officie sur la scène internationale ? Le poids faible de la France dans les hautes instances internationales constitue une partie de la réponse. Un des aspects les plus flous de la compétition qui doit pousser World Rugby à réfléchir sur une standardisation des règles et des décisions, mais également plus de diversité au sein du corps arbitral.


On l’attendait depuis des lustres et ce mondial nous laisse un peu sur notre faim. Les résultats du XV de France n’aident certainement pas. Mais quand bien même, on s’attendait à mieux sur bons nombres de domaines. World Rugby a beaucoup de leçons à tirer avant la prochaine édition. Une nouvelle page du rugby se ferme, rendez-vous en 2027 à l’autre bout du monde, sur les terres du kangourou.


Tylian Auriol


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