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Interview. Patrick Mesny : “Je n’aurais jamais dû jouer ce fameux match”

Dernière mise à jour : 23 nov. 2023

Plongez dans les mémoires palpitantes de Patrick Mesny, ancien international français (14 sélections), du 14 juillet 1979 et la victoire du XV de France face aux redoutables All Blacks à la victoire en Challenge Yves du Manoir 1987 avec le FC Grenoble.

Pouvez-vous revenir sur le match contre la Nouvelle-Zélande qui s'est déroulé le 14 juillet 1979 ?


Le XV de France était en tournée d'été depuis un certain temps, et à l'origine, je n'étais pas inclus dans l'effectif. J'avais été malade pendant l'hiver, ce qui m'avait empêché de jouer durant deux mois. L'occasion s'est présentée lorsque l'ailier français Bustaffa s'est blessé lors d'un match contre les Fidji, et j'ai été appelé pour le remplacer dans l'équipe. J'ai réussi à m'imposer au centre et j'ai ainsi participé à ce match contre les All Blacks.


Comment avez-vous vécu cette rencontre particulière ?


J'étais stressé comme à chaque match, mais cette fois, il y avait une pression supplémentaire. Je ne réalisais pas vraiment la portée de cette victoire. Mon objectif était de ne pas commettre d'erreurs, de réaliser de bonnes passes, d'être concentré pour montrer que j'étais à la hauteur. Le match était intense, d'autant plus que nous avions perdu la semaine précédente. Mon objectif était de rester concentré et de faire de mon mieux sur le terrain. Heureusement, les choses ont bien tourné pour nous ce jour-là. Nous avions donc une mentalité revancharde, et finalement, nous avons remporté ce match 24 à 19. C'était l'équipe phare de l'époque, alors gagner contre eux représentait un exploit considérable.


Une anecdote marquante de cette journée ?


Après le match, nous devions prendre l'avion le soir même, mais malheureusement, l'avion était en panne. Cela a conduit à une nuit à l'hôtel le 14 juillet, ce qui a donné lieu à une belle fête imprévue. Ensuite, lors du voyage en avion, nous avons fait escale à Tahiti, où nous avons célébré un deuxième 14 juillet. Cette soirée a naturellement renforcé les liens entre tous les joueurs.


En tant que l'un des meilleurs centres de votre époque, percevez-vous des différences à ce poste dans le rugby moderne ?


De nos jours, les équipes sont beaucoup plus structurées et organisées qu'à l'époque. Lorsqu'on observe les matchs actuels, il est évident qu'il existe des variations au niveau de l'organisation, avec un accent particulier sur la défense, ce qui se traduit par la présence de moins d'espaces. Il faut dire qu'à mon époque, le rugby, du moins pour les trois-quarts, était davantage un sport d'évitement. Aujourd'hui, on constate clairement une tendance à privilégier des joueurs massifs au centre, capables de briser les défenses dès la première phase de jeu, comme on peut le voir avec des joueurs tels que Tuisova, par exemple. Une autre cause majeure de cette évolution vers un rugby plus direct est le nombre de remplaçants. À mon époque, il y avait généralement seulement deux remplaçants par équipe, ce qui signifie qu'en fin de match, les piliers avaient du mal à maintenir l'effort défensif, entraînant souvent des matchs plus ouverts en fin de seconde mi-temps.


Parlez-nous de votre titre avec le FC Grenoble Rugby en 1987, remporté lors de la finale du Challenge Yves du Manoir.


C'est effectivement l'un des rares titres que j'ai décrochés avec le FCG, donc il est d’une importance particulière pour moi. Le Challenge Yves du Manoir était un tournoi complémentaire du championnat de France actuel Top 14, instauré par le Racing Club de France. Nous nous sommes rendus à Narbonne pour affronter Agen, qui était largement favori à l'époque. Étant éliminés du championnat de France, nous avions eu deux à trois semaines de préparation pour ce match. Ce fut une rencontre où nos trois-quarts se sont particulièrement illustrés. Ce match a été le point culminant de plusieurs années de travail, car nous n'avions jamais réussi à aller jusqu'au bout lors des éditions précédentes. Remporter ce match, et par conséquent le titre, a été une expérience magique. Nous étions vraiment ravis, et personnellement, j'avais marqué le deuxième essai du match après une magnifique action où le ballon n’avait pas arrêté de vivre.


Patrick Mesny sous les couleurs du FCG, dans les années 80.

Crédit : DNA


Remporter des titres avec ses coéquipiers renforce les liens d'amitié. Avez-vous gardé de bons amis de cette époque ?


Nous formions déjà un groupe solide de copains. À l'époque, le rugby était différent d'aujourd'hui. Nous n'étions pas sous contrat avec les clubs, il y avait donc beaucoup moins de transferts, et cela nous permettait vraiment d'apprendre à jouer avec les autres et de les connaître parfaitement sur le plan rugbystique. Chaque équipe avait les mêmes joueurs pendant plusieurs années, sauf s'il y avait des mutations pour le boulot. Et oui, bien sûr, même aujourd'hui, nous nous réunissons souvent pour ne pas perdre le contact.



Patrick Mesny et Rida Jaouher, deux centres emblématiques du FC Grenoble Rugby.

Crédit : Dauphiné Libéré


Comment parveniez-vous à vous entraîner et à continuer malgré tout à travailler ?


En effet, nous devions concilier le rugby avec une activité professionnelle, car ce sport ne nous permettait pas de gagner notre vie de manière satisfaisante à cette époque. Beaucoup d'entre nous étaient professeurs de sport ou exerçaient des professions libérales. En ce qui concerne les entraînements, nous avions environ trois séances d'entraînement collectif par semaine, et les autres jours étaient consacrés à des entraînements individuels, comprenant souvent des séances de sprint et de musculation. C'était un équilibre délicat entre le travail, le rugby et l'entraînement individuel, mais cela faisait partie intégrante de notre réalité à cette époque.


Hugo Cardi

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