Malgré une 5ᵉ place au classement, le club de la rade traverse une période bien trouble. Entre banderoles fleurissantes, communication à double sens et tension avec la presse, le navire toulonnais tangue…
La passion des supporters du RCT a toujours était au centre du club.
Crédit Photo : ActuRugby
“Je n'en ai rien à foutre (...) ça s’appelle de la trahison”, après la victoire de son équipe face à l’USAP (44-22) le directeur du rugby, Pierre Mignoni, s’est emporté face à un journaliste au sujet de la publication d’un message issue d’une conversation WhatsApp des joueurs. Si la “révélation” n’a en soit rien d’extraordinaire, la réaction virulente et déplacée de Pierre Mignoni envers Karim Ben Ismaïl (journaliste de L’Equipe) illustre le contexte qui entoure le Rugby Club Toulonnais.
Une saison sous tension
Les premières étincelles avaient vu le jour en janvier lorsque les supporters excédés ont mené des actions à l’encontre des joueurs et de la direction. Un cocktail de contre-performances (6 défaites en 7 matchs) combinées avec une gestion du club jugée mauvaise par les supporters (maillot turquoise, tarifs trop élevés, départ de Carbonel…) ont donné naissance à des stickers demandant la démission de la direction et une banderole hostiles "Vous piétinez 116 ans d’histoire, n’avez-vous pas honte ?"
Des actions isolées pas forcément partagées par l’ensemble des supporters rouge et noir. Contactés, les clubs de supporters Les Fils de Besagne (+500 adhérents) et Les Bulls du RCT (+350 adhérents) nous ont confié être en désaccord avec ce genre d’initiatives. Julien Perpere, président des Fils de Besagne explique : “On n'a pas participé à ces actions, on est en désaccord sur le fond et sur la forme. Nous, Fils de Besagne, quand on a des choses à dire, on ne se cache pas, on ne va pas accrocher des banderoles en pleine nuit. Au rugby, on se dit les choses même si elles ne plaisent pas, ce côté anonyme nous dérange énormément.”
La colère est tout de même largement présente au sein des Fils de Besagne : “Ce qui est certains, c'est qu’il y a de la colère. Je connais la pelle de supporters qui ne vont plus à Mayol, qui ne se reconnaissent plus dans ce club. C’est notre rôle de faire remonter cette colère à la direction.”
L’affaire Tolofua
Le feuilleton Christopher Tolofua a fini d’exacerber les tensions entre les tribunes de Mayol et la direction du RCT. En cause, le manque de transparence dans ce transfert. Le 25 janvier Rugbyrama dévoile un échange Paolo Garbisi - Christopher Tolofua entre Montpellier et Toulon. Quelques jours plus tard, le club de la Rade dément l’information : “Le Rugby Club Toulonnais a découvert avec surprise les allégations de transfert publiées par certains médias. Christopher Tolofua est engagé avec le club et poursuivra sa saison en Rouge & Noir.” Finalement, le 11 février, l’annonce devient officielle et Christopher Tolofua fait ses valises.
Ce n’est pas le départ du joueur qui affecte les fans, mais bien la communication du club qui ne passe pas. “Les supporters toulonnais ont l’impression d’être pris pour des billes. Tout le monde est à même de comprendre qu’on ne garde pas un joueur contre son gré”, explique Julien Perpere (Fils de Besagne). Même constat du côté des Bulls du RCT : “Le problème à Toulon, c'est qu’on fait d’abord le buzz (par rapport au démenti) et qu’on réfléchit après. On peut comprendre son départ, mais en milieu de saison, c'est un peu léger”, explique le président de l’association, Serge Oddo.
Renouer le lien
Si une partie des supporters réclame un changement de direction, ce n’est pas le cas des Fils de Besagne. “Les Toulonnais pourraient passer sur de mauvais résultats, si à côté de ça, on avait un club qui communique bien et qui tisse un lien avec ses supporters. Il y a eu des tentatives, mais elles sont balayées par de nouveaux événements. Il faut qu’ils comprennent leurs supporters. On a le sentiment que la direction du club a du mal à comprendre ce qu’est Toulon, ses supporters. Il y a un décalage. L’univers de la direction n’est pas celui de Toulon. Ils n'ont pas compris ce que représente le RCT pour nous, pour certains le RCT c’est leur vie. Ils économisent pour se payer un abonnement, un déplacement, ils planifient leurs vacances en fonction du club. Le RCT c’est dans leurs tripes”.
La fracture est également présente au sein même des supporters, explique Julien Perpere : “Aujourd’hui, les supporters toulonnais s’écharpent en permanence. Ils sont toujours en désaccord. Les fractures sont présentes à tous les niveaux”. Si le Rugby Club Toulonnais est encore en lice pour se qualifier en phases finales de championnat pour la première fois depuis quatre saisons, un chantier colossal attend le club pour retrouver sa gloire d’antan.
Emilien Terme
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