Alors que la phase de poules n’est pas terminée, huit des seize clubs qualifiés en huitièmes de finale sont déjà connus. Un constat qui illustre une première partie de compétition parfois déséquilibrée.
Rugby champagne ! Ce début de saison de Champions Cup rime avec spectacle. Les supporters toulousains et bordelais se délectent des 279 points et 41 essais inscrits par leurs joueurs en seulement trois matchs. Pourtant, cette cascade d’essais démontre un format de compétition qui peut être remis en cause.
Damian penaud est à la tête du classement des meilleurs marqueurs avec quatre essais. Crédit Photo : Dicodusport.
La Champions Cup version 2023/2024 se veut être “plus compétitive, car chaque club affrontera quatre adversaires différents, à domicile ou à l’extérieur, pendant la phase de poules”. La réalité est tout autre, chaque week-end des scores fleuve rythme les journées de compétition. Cinq clubs affichent un triste bilan de trois défaites en trois rencontrent, néanmoins quatre d’entre eux ont encore la possibilité de prolonger l’aventure en phase finale.
Avec six clubs par poule pour quatre qualifiés, les prétendants aux sacres ont statistiquement plus de chance de se qualifier que d’être éliminé. Un format qui permet donc au Cardiff Rugby affichant une différence de point de -91 et trois défaites avec notamment deux raclées (52-7 à Toulouse et 15-54 contre les Harlequins) de pouvoir espérer se qualifier et potentiellement croiser le fer avec l’UBB qui affiche une différence de point de +95. Les matchs à sens unique ne vont donc pas forcément s’évaporer avec l’arrivée des phases finales…
Acte de présence
Le niveau des clubs est hétérogène en Champions Cup. L’une des explications nous vient de la Premiership (championnat d’Angleterre). Les observateurs ne sont pas sans savoir que le rugby d’outre-Manche est en grande difficulté depuis quelques saisons. Cette saison, le nombre de clubs engagé en Premiership est de 10 contre 13 l’année dernière. Pourtant, le championnat anglais qualifie huit clubs comme le Top 14 et l’United Rugby Championship qui compte 14 et 16 pensionnaires. Une proportionnalité entre le nombre de pensionnaires et le nombre de places qualificatives pourrait permettre d’élever le niveau des rencontres. Il n’est pas fou d’imaginer que seulement 50% des équipes de chaque championnat serait qualifié pour la Champions Cup (8 clubs d’URC, 7 de Top 14, 5 de Premiership).
Si les instances peuvent agir sur le format de la compétition, un autre facteur joue sur la compétitivité des rencontres, mais ce dernier incontrôlable : l’investissement des clubs. En début de saison, chaque club, quel que soit le niveau, fixe des objectifs : certains jouent le maintient, d’autres la montée dans la division supérieure ou le titre national. Si parce que la Champions Cup est ancré dans sa tradition, le Stade Toulousain met chaque année toutes les chances de son côté pour performer sur la scène européenne (intercontinentale avec l’arrivée des franchises sud-africaines), d’autres clubs ne font même pas mine de jouer la compétition. C’est le cas du Stade Français qui mis à part le match à domicile face à Leicester (24-27) n’a pas aligné une équipe capable de performer à un tel niveau et a préféré profiter de la Champions Cup pour lancer des jeunes et faire reposer les cadres. Lors de la troisième journée, alors que les parisiens devaient absolument gagner au Leinster pour espérer une qualification, le staff a pris la décision de laisser les cadres au repos. N’Diaye (4 feuilles de matchs en Top 14*), Chapuis (3*), Nene (2*), Ahmed (3*) et Monin qui ne compte qu’un seul match en professionnel en décembre 2022 étaient titulaires face au quadruple champions d’Europe…
Emilien Terme
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