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Photo du rédacteurTylian Auriol

Arbitrage : des incompréhensions qui en appellent d’autres

Le choc du week-end entre La Rochelle et l’Union Bordeaux-Bègles a été frontal, brutal et discutable. En effet, les palabres et désaccords pullulent autour de certaines décisions arbitrales prises par Tual Trainini, l’officiel de la rencontre, et plus précisément autour de la couleur des cartons. Une situation arrivant juste avant l’instauration du carton rouge de 20 minutes durant la tournée de novembre…


Tual Trainini adressant le carton rouge à Yoram Moefana lors de La Rochelle-UBB

Crédit : Icon Sport


Les joueurs changent, les arbitres changent, les règles changent, mais les contestations, elles, ne changent pas. Plus que jamais, chaque match a droit à son florilège de débats, justifiés ou non, sur fond de litiges, suspicieux ou non. Ce week-end encore, pour trois fautes sensiblement équivalentes aux yeux du grand public, deux couleurs de cartons différentes et des débats. Allez comprendre. Inutile de revenir sur ces faits de jeu, suffisamment expliqués dans les colonnes de nos confrères du Midi Olympique, par les consultants et par l’arbitre lui-même.  


« Ne nous parlez plus de la sécurité des joueurs » clamait Grégory Alldritt lors du match Bayonne-La Rochelle, samedi dernier, après un placage rugueux, à la limite de la règle, mais jugé licite, du spécialiste en la matière, le centre bayonnais, Manu Tuilagi. Une remarque qui note bien une difficulté de compréhension, des acteurs mêmes, de certaines nuances de règle et appréciations de chacun. Cependant, ces questions amènent aussi le grand public dans un flou, non négligeable, avant l’instauration d’une énième règle, le carton rouge de 20 minutes, d’ici novembre.


Une règle, deux discours, déjà…


World Rugby a annoncé, le 8 octobre dernier, ô nom du saint spectacle, une série de règles, limitées, pour le moment, à l’expérimentation. Parmi elles, le carton rouge de 20 minutes. La règle est la suivante : un joueur ayant reçu un carton rouge pourra être remplacé au bout de 20 minutes afin que son équipe ne termine pas en infériorité numérique. Une nouvelle mesure appuyée par les nations du sud pour éviter les matchs « faussés » par des cartons rouges définitifs. Néanmoins, cela a beaucoup fait parler. « Si quelqu'un sur le terrain commet une infraction passible d'un carton rouge, il doit recevoir un carton rouge qui le verra exclu pour le reste du match. C'est aussi simple que ça », écrit l’ancien arbitre international Nigel Owens dans une chronique sur Wales Online. Les fédérations françaises et irlandaises ont communiqué leur opposition à cette nouvelle règle. Le Comité directeur de World Rugby prendra sa décision finale le 14 novembre prochain.


Plus de spectacle, mais à quel prix ?


Si World Rugby appuie ses innovations par l’argumentaire basé sur l’attractivité et le développement du sport, ce carton soulève une question, surtout sur la sécurité des joueurs. Le carton rouge de nos jours, bien que parfois discutable et portant sur son dos un lot d’excuses et d’infamies sans égal, a grandement participé à l’amélioration de la sécurité des joueurs, toujours sujet à débats néanmoins. Or, ce nouveau carton laisse place à un certain laisser-aller des joueurs, sachant que cela ne pénalisera leur équipe qu’un quart du match. Et forcément, c’est la sécurité des joueurs qui en pâtira.


Outre cet aspect-là, l’arbitrage y trouvera, lui aussi, de quoi grimacer. Obligé de constater que les relations public-arbitre, et parfois même arbitre-acteur, en deviennent plus délétères que jamais. Toujours en lien avec le paragraphe ci-dessus, l’homme au sifflet sera au centre des attentions et devra peser ses décisions bien plus qu’aujourd’hui. La frontière est déjà mince entre le jaune et le rouge, alors que va-t-elle devenir avec une nuance en plus ? Quelle faute vaudra jaune, rouge de 20 minutes ou seulement rouge ? Chacun fera son interprétation sur chaque fait de jeu et le public en sera que perturbé un peu plus que ce qui l’est déjà. Si tout cela reste au degré des suppositions, cela n’augure rien de bon quant au développement de ce sport et les relations entre le terrain et les tribunes. Ou comment rendre compliqué un sport qui ne demande qu’à se simplifier.


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