“Faites attention à votre vocabulaire !”. En conférence de presse ce mardi 19 septembre, Fabien Galthié a tenu à défendre Gabin Vilière face aux questions des journalistes, concernant un remaniement dans la hiérarchie des ailiers et un possible déclassement de l’ailier casqué, auteur de deux prestations en deçà des attentes.
Depuis quelques semaines, le numéro 11 des Bleus, est sous le feu des critiques. Ses lacunes défensives, inhabituelles, il faut bien le dire, ou encore son faible apport offensif, sont les principaux reproches que l’on retrouve dans la sphère médiatique. Un acharnement, à priori, inutile et qui ne sert qu’à remettre de l’huile sur le feu, dans une période où le soutien aux 33 sélectionnés est primordial. Mais ce qu’oublient trop rapidement les médias, c’est que le gamin de Vire (Calvados) a connu une saison difficile, parsemée de blessures et de rendez-vous manqués. En effet, le calvaire commence en novembre 2022, lorsqu’il se blesse en Top 14, à la cheville. Revenu à temps, fin janvier 2023, pour le Tournoi des 6 Nations, l’ailier de poche rechute au péroné, à quatre jours du match d’ouverture en Italie. Une blessure marquante psychologiquement comme il l’a confié à nos confrères du Quinze Mondial : “On se demande même si on va tout simplement pouvoir rejouer au rugby. On se demande si ça va tenir, si ça va se réparer. Et j’ai réussi à prendre un peu plus sur moi. Je me suis un peu isolé. J’ai beaucoup réfléchi.”
Revenu fin avril sur le pré, Gabin Villière rejoue pour la première fois en demi-finale de Challenge Cup contre Trévise, le 30 avril (victoire 23-0) et ensuite, il ne rejoue avec son club que le 19 mai en finale de Challenge Cup contre Glasgow (victoire 43-19), s’offrant au passage son premier titre chez les professionnels. Au moment des comptes, le pitbull au casque rouge, ne comptabilise que quatre petits matchs avec le RCT sur l’exercice 2022-2023.
Normal, me direz-vous, qu’avec si peu de temps de jeu au moment d’entamer la préparation estivale avec le XV de France, Villière ne soit pas au top de sa forme. Malgré tout, il joue, sans survoler les débats, deux des quatre matchs de préparation de l’Équipe de France (l’Écosse le 12 août et l’Australie le 27 août). Il est d’ailleurs à la réception d’une belle passe au pied de Matthieu Jalibert en bout de ligne et inscrit donc son septième essai avec le Coq contre les Wallabies. Une maigre éclaircie bleue dans un ciel bien gris. Mais à part ça, pas grand-chose et ça n’est pas arrangé depuis. Pas à son aise contre les Blacks en ouverture et muselé contre l’Uruguay six jours plus tard. Deux prestations marquées par des erreurs défensives. Difficile tout de même d’en tirer des conclusions pertinentes lorsqu’on voit en détail la physionomie des deux premiers matchs des Bleus dans cette Coupe du Monde 2023. Des prestations qui permettent à Louis Bielle-Biarrey de s’illustrer et gagner son maillot pour la troisième journée de poule contre la Namibie ce soir (jeudi 21 septembre, 21h), au détriment de Gabin Villière. L’ailier de l’UBB est plus en forme, auteur d’une saison pleine, ponctuée par 22 feuilles de match TTC avec son club de Gironde, il était le feuilleton de l’été au sein du XV de France, à tel point qu’il est devenu le plus jeune marqueur d’essai français de l’histoire en Coupe du Monde. Une concurrence à prendre au sérieux et qui pour certains rebattrait les cartes chez les trois quarts français.
Gabin Villière compte 16 sélections avec le XV de France. Crédit photo : ©Icon Sport
Mais, gardons un peu de sérieux. L’ailier toulonnais est, depuis sa première sélection à l’automne 2020 (victoire contre l’Italie 36-5), un des cadres de Fabien Galthié, à chaque fois appelé dès lors qu’il était en mesure de jouer. Il est d’ailleurs un des grands artisans du Grand Chelem 2022 où il est co-meilleur marqueur avec trois essais inscrits, et même dans l’équipe type du Tournoi. Il s’est caractérisé par sa hargne et son explosivité, se faisant remarquer notamment sur le bord des rucks.
Ensuite, sa non-sélection pour affronter la Namibie est surtout due au fait qu’il cumule 160 minutes, soit la totalité des minutes jouables depuis le début de la Coupe du Monde et qu’il a besoin de souffler. Galthié le répétait encore ce mardi : le choix de Louis Bielle-Biarrey est davantage pour “garder l’émulation au sein du groupe” plutôt que pour mettre Villière à l’écart.
Alors oui, il y a la jeune concurrence, il y a un mauvais départ sur le plan personnel, mais l’ancien joueur de Rouen reste un élément de classe mondiale et a toujours su se relever malgré les moments faibles. Il reste l’un des “premiums” de Galthié et nul doute qu’il sera de la partie lorsque les matchs se corseront et que son tempérament de pitbull lui sera favorable. Il lui suffit juste d’une étincelle pour le remettre en confiance et faire mentir ses détracteurs. Attention donc à ne pas l’enterrer vivant…
Tylian AURIOL
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