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Photo du rédacteurL'Ovalie Média

Édito : Le ballon doit rester ovale

Dernière mise à jour : 23 nov. 2023

Et si le rugby revenait à ses racines profondes issues du football ? Un transfert en cours de saison, des coachs sous pression et des compétitions toujours plus nombreuses. Des signes forts de l’ovalie qui se dirige, lentement, mais sûrement, vers un monde cupide.


Melvyn Jaminet (arrière Stade Toulousain) devrait rejoindre très prochainement Toulon Crédit Photo : DDM


Qu’il parait loin le temps où joueurs et entraîneurs faisaient toute leur carrière sous les mêmes couleurs. Alors oui, les plus pointilleux diront que le ballon ovale s’arrondit depuis maintenant de longues années, voire depuis le passage à l’ère professionnelle, perdant à ce moment l’esprit clocher, rural, âpre de ce sport. Mais à l’image de la société : tout va plus vite, le rugby avec. La pression est décuplée pour tous les acteurs : dirigeants, joueurs, coachs… Le cas Jaminet évoque plus que jamais cette course à la performance ; le natif d'Hyères n’a pas réussi à s’imposer en une saison et des miettes dans le fond de terrain toulousain et cherche déjà l’exil. En effet, il a perdu sa place, forcément aussi, sous le maillot bleu. Le « temps d’adaptation » n’est donc vraisemblablement plus une donnée à prendre en compte dans le rugby moderne. L’ex-perpignanais sortait d’une seule saison à très haut niveau dans l’élite française avant de signer en faveur du grand Toulouse à l’été 2022, fort de deux Brennus et d’une coupe d’Europe en trois ans à l’époque. Dans une équipe si bien rodée, il était donc difficile de s’imaginer le numéro 15 s’imposer d’entrée.


Ce cas n’est pas nouveau et il est loin d’être le seul. Le cas Kolbe, parti à Toulon quelques jours seulement avant le début de la saison 2021-2022, est, lui aussi, assez parlant. Le club varois lui proposait le plus beau salaire de tout le championnat, offre non-refusable malgré un projet sportif encore flou, et la dure vérité du terrain n’a pas trahi ces propos. L’amour du maillot, dites-vous ? Plutôt de la « maille ». Également, les coachs sont sous pression dès les premiers résultats un peu défaillants à l’image de Patrice Collazo, limogé par le CA Brive à l’issue d’une nouvelle défaite en ProD2 contre Soyaux-Angoulême vendredi dernier. Le manager montpelliérain, Richard Cockerill, pourrait suivre très prochainement si son équipe ne redresse pas le cap, comme l’a affirmé Mohed Altrad, son président.


Des signes néanmoins inquiétants avec de plus en plus de joueurs qui n’honorent pas leur contrat jusqu’au bout, preuve de désengagement pour le club, reflétant un parallèle bien toxique avec les amateurs du ballon rond. La patience est, elle aussi, de moins en moins présente du côté des dirigeants ; il faut des résultats tout de suite, coûte que coûte. De même pour les instances internationales qui cherchent désespérément tout moyen pour générer des revenus avec la dernière création en date : la Nation Cup, dès 2026, qui réunira les 24 meilleures nations du monde en deux divisions. Une absurdité sans nom pour des joueurs machines, bientôt sans repos et pour qui le temps en club, leur employeur (il faut le rappeler), se résumera à quelques semaines par an et quatre ou cinq petits matchs tout au plus. Une recette qui fera perdre tout intérêt pour les compétitions internationales et banalisera les grands affrontements entre mastodontes du circuit mondial, comme au foot finalement.


Le rugby s’arrondit et ses valeurs avec, risquant de perdre définitivement cet esprit clocher et ancestral, reculé du monde capitaliste. Le rugby risque de perdre cette fine limite avec le football qui se résumait à la fameuse phrase « le rugby, ce n’est pas un sport d’argent ». À bon entendeur.


Tylian Auriol



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